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seiller de la République vénitienne, charge à laquelle l’appelèrent bientôt lui-même l’estime et la considération de ses compatriotes. Thomas de Pisan jouissait en même temps d’une grande réputation de philosophe et d’astrologue. La renommée de son savoir et de son mérite étant parvenue jusqu’à la cour de France, Charles V lui fit des offres avantageuses pour l’attirer et l’attacher à sa personne. Notre savant italien ayant obtenu, avec les bonnes grâces du souverain, une place dans le Conseil royal, se résolut bientôt à adopter une nouvelle patrie et fit venir auprès de lui toute sa famille. Sa femme et la jeune Christine, âgée seulement de cinq ans, magnifiquement parées de riches costumes vénitiens, arrivèrent au Louvre (1368) et furent présentées au roi qui leur fit le plus gracieux accueil.

Élevée au milieu de cette cour de France, alors aussi renommée par sa magnificence que par la distinction des personnes qui la fréquentaient, Christine de Pisan y développa par une instruction soignée, par une éducation empreinte du meilleur ton et des sentiments les plus recherchés, les précieuses dispositions dont la nature avait si heureusement doté son intelligence supérieure. À peine fut-elle parvenue à sa quinzième année (1378) que les charmes de son esprit et de sa personne la firent rechercher d’un grand nombre de gentilshommes, mais son père fixa son choix sur un jeune homme d’une bonne maison de Picardie, Étienne du Castel, dont les qualités et le mérite tenaient lieu des avantages de la fortune.