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Mais plus mauvais n’a n’en France n’en Caulx
Ne autre part, le cuer as trop amer
De moy laissier ainsi pour aultre amer.

Est donc ton cuer si pris et enflammé
De celle qui tant me fait de travaulx,
Que de s’amour soies si affamé
Que de moy fais contre elle petit taux ?
Tu t’avances de ce faire a bas saulx,
Ce m’est avis, et te doit on blasmer
De moy laissier ainsi pour aultre amer.


LXIII



Amours ! Amours ! ce m’as tu fait,
Qui m’as mis en si dur parti.
Se ne te feis je oncques meffait,
Et si ay tant de maulx parti
Largement m’en as departi ;
Et qui te fait de son cuer don,
A il doncques tel guerredon ?

Ton soulas est bien contrefait,
Il s’est de moy tost departi,
Contre le bien mal me reffait ;
En grant doulour s’est converti,
Tu m’occis sanz dire « gar t’y ! »
Va il ainsi qui te sert don,
A il doncques tel guerredon ?

Et pour quoy, ne pour quel tort fait,