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Qu’il l’endort, puis l’a detenue ;
Et ce fu a Juno moult lait.
Mais il n’est nul si grant meschief
Qu’on ne traye bien a bon chief.

Pour ce je di qu’une cenelle
Ne vault la garde tant soit fort,
Ne a vallet ne a basselle
Puis qu’ilz sont tous deux d’un acort,
L’amour d’eulz sera maintenue
Et verront, qui que dueil en ait,
L’un l’autre, et en est avenue
Mainte chose par tel agait ;
Mais il n’est nul si grant meschief
Qu’on ne traye bien a bon chief.


LXII



Ha ! mon ami, que j’ay long temps amé !
Comment as tu le cuer si desloiauix,
Que moy qui t’ay si doulcement clamé
Ami long temps, tu me fais tant de maulz ?
Parjur, mauvais, plein de mençonge et faulz,
On te devroit par dessus tous clamer,
De moy laissier ainsi pour autre amer.

Je t’avoye dessus tous affermé
Pour mon ami sur tous especiaulx,
Et tous jours t’ay chery et reclamé
De tout mon cuer qui t’a esté loyaulz ;