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LVIII



Dant chevalier, vous amez moult beaulz ditz,
Mais je vous pri que mieulx amiez beaulz faiz.
Au commencier estes un pou tardis,
Mais encor vault trop mieulx tart que jamais,
Vous ne servez fors d’un droit entremais :
Parmi ces cours voz baladez baillier ;
C’est le beau fait que vous ferez jamais.
Ha Dieux ! Ha Dieux ! quel vaillant chevalier !

Vous estes bon chevalier et hardis,
Mais vous amez un petit trop la paix,
Si avez droit, car aux acouardiz
Est trop pesant des armes le grief fais.
Tel chevalier soit honnis et deffais
Qui pour honneur ressongne a travailler !
Mais le repos vous siet bien desormais.
Ha Dieux ! Ha Dieux ! quel vaillant chevalier !

Et pis y a, par Dieu de paradis,
C’est villain fait se vous en pouez mais ;
Car malparlier, jengleur, plein de mesdis,
Estes tenus et pis, mais je m’en tais,
Dont a la Court partout et au Palais
Vont maint disant qu’on le puist exillier ;
De quoy sert il ? De faire virelais.
Ha Dieux ! Ha Dieux ! quel vaillant chevalier !

Le mesdire d’autrui laissiez en paix,
Dant chevalier, car pire en un millier
Il n’a de vous, si dient clers et lais :
Ha Dieux ! Ha Dieux ! quel vaillant chevalier !