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chiens qui n’aboyaient jamais, et des oiseaux sauvages apprivoisés. Il y avait aussi des filets merveilleusement travaillés, des hameçons et des instrumens de pêche : on ne toucha à rien. L’amiral présuma que tous les habitans de la côte devaient être des pêcheurs qui transportaient le poisson dans l’intérieur de l’île, parce qu’elle est très grande, et si belle qu’il ne se lassait pas d’en faire l’éloge. Il dit qu’il trouva des arbres et des fruits d’une saveur délicieuse, et il ajoute qu’il doit y avoir des vaches et d’autres troupeaux, parce qu’il vit des ossemens qui lui parurent avoir appartenu à une tête de vache. On entendit toute la nuit le chant des oiseaux, des moineaux, et le cri des grillons, ce dont tout le monde se réjouissait. L’air était doux et embaumé ; pendant toute la nuit il ne fait ni froid ni chaud. Mais il dit que dans la traversée des autres îles à celle-ci, il faisait grand chaud ; qu’ici, au contraire, le climat était tempéré comme au mois de mai. Il attribue la chaleur qu’il faisait dans les autres îles à ce qu’elles ne présentent aucune espèce d’élévation (por ser muy llanas), et à ce que les vents qui y règnent sont fort chauds, parce qu’ils viennent de l’est. L’eau de ces fleuves est un peu salée. On ne put savoir où les Indiens allaient puiser l’eau douce qu’ils avaient dans leurs maisons. Les vaisseaux pouvaient ma-