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envoya deux chaloupes à une peuplade pour prendre langue, et fit entrer dans l’une d’elles un des Indiens qu’il amenait, parce qu’ils se faisaient déjà un peu comprendre, et manifestaient leur contentement de vivre dans la société des chrétiens. À l’aspect de ces derniers, hommes, femmes, enfans, tous prirent la fuite, abandonnant leurs maisons et ce qu’ils y avaient. L’amiral défendit de toucher à quoi que ce fût : il dit que les maisons étaient plus belles que toutes celles qu’il avait vues jusqu’alors, et qu’il croyait que plus il approcherait de la terre ferme, et mieux elles seraient construites. Ces maisons, faites en forme de pavillon, sont très grandes, et ressemblaient aux tentes d’un campement sans alignement de rues ; elles sont placées, au contraire, çà et là, nettoyées et très propres à l’intérieur, avec des meubles très ornés. Elles sont toutes recouvertes de très beaux branchages de palmier. On y trouva beaucoup de statues à figure de femme, et plusieurs têtes en forme de masques[1] très bien travaillées. Je ne sais s’ils ont cela comme ornement ou comme objet de culte. Il y avait, dans leurs maisons, des

  1. L’original porte caratona, et M. de Navarrete pense, qu’il a été mis pour caratula, careta ou mascarilla masque ou demi-masque. (D. L. R.)