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de la mer ne devaient jamais s’élever et s’étendre sur la plage, parce que l’herbe, qui ne vient pas où la mer est houleuse, y croissait presque jusqu’au bord de l’eau. Il n’avait pas encore éprouvé, dans toutes ces îles, que la mer y devînt agitée : il dit que cette île est remplie de montagnes très belles et très hautes, quoique de peu de longueur : le reste de son sol est à peu près de la même élévation qu’en Sicile. Elle est parfaitement arrosée, ainsi qu’il put le comprendre d’après le rapport des Indiens qui étaient avec lui, et qu’il avait pris dans l’île de Guanahani : ils lui firent entendre par signes qu’elle est coupée par dix grands fleuves, et qu’ils ne peuvent en faire le tour en vingt jours dans leurs canots. Au moment où l’amiral se rendait à terre avec ses vaisseaux, deux pirogues ou canots (alinadias) sortirent, mais dès que les Indiens qui les montaient virent que les matelots espagnols entraient dans la chaloupe et ramaient pour venir sonder le fleuve et y chercher un mouillage, ils s’enfuirent. Les Indiens disaient qu’il y avait dans cette île des mines d’or et des perles. L’amiral remarqua un lieu propre à leur formation, et plusieurs coquillages bivalves (almejas), qui en sont l’indication. Il pensait que des gros navires du Grand Can s’y rendaient, et que de là à la terre ferme il y avait dix jours de route. L’amiral donna à ce