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tans pour couvrir leurs maisons[1]; le sol était très uni. L’amiral sauta dans la chaloupe, alla à terre, et arriva à deux maisons qu’il crut appartenir à des pêcheurs. À son approche toutes les personnes qu’elles renfermaient prirent la fuite. Il trouva dans l’une d’elles un chien qui n’aboya pas du tout, et dans toutes les deux des filets en fil de palmier et en cordes, un hameçon de corne, des harpons en os, d’autres instrumens de pêche, et plusieurs feux dans l’intérieur. Il crut qu’un certain nombre de personnes se réunissaient dans chaque maison ; il ordonna qu’on ne touchât à rien de tout ce qu’elles renfermaient, ce qui s’exécuta. L’herbe était aussi grande qu’elle l’est au mois d’avril et de mai en Andalousie. Il trouva beaucoup de pourpier et du cresson sauvage (verdolagas muchas y bledos). Il retourna à la chaloupe, et remonta le fleuve à une assez grande distance. Il dit que c’était grand plaisir de voir ces verdures, ces futaies, et il ajoute, en parlant du chant des oiseaux, qu’il ne pouvait s’en éloigner sans être tenté de revenir. Il dit aussi que cette île est la plus belle qu’aient jamais vue les yeux humains ; qu’elle est pleine de bons ports, de fleuves profonds, et qu’il paraissait que les eaux

  1. Il est impossible de dire de quelle espèce de palmiers ou fougères en arbre il s’agit ici, l’Amérique en possédant un grand nombre. (C…r.)