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naître que cet aloès, dont j’ai ordonné qu’on mît aujourd’hui dans les vaisseaux une grande quantité pour la porter à Vos Altesses. Je n’ai point appareillé, et je n’appareille pas pour me rendre à Cuba, parce qu’il n’y a pas de vent, mais, au contraire, un calme plat et beaucoup de pluie. Il a plu encore hier beaucoup ; mais il n’a fait aucun froid : nous avons même de la chaleur pendant le jour, et les nuits sont tempérées comme celles d’Espagne au mois de mai en Andalousie.

Mercredi, 24 octobre.

« Cette nuit vers minuit je levai les ancres de l’endroit où j’avais mouillé, près de l’île Isabelle ou cap de l’Îlot, qui est du côté du nord, afin de me diriger vers l’île de Cuba, qui, d’après ce que j’avais ouï dire par mes Indiens, était très grande, où l’on faisait un commerce fort étendu, et où il y avait de l’or, des épiceries, de grands navires et des marchands. Mes Indiens me dirent que je m’y rendrais en suivant le rumb ouest-sud-ouest, et je pense qu’ils ne se trompent pas, parce que si je m’en rapporte aux signes que me firent tous les Indiens de ces îles et ceux que j’ai dans mes vaisseaux, car je n’entends pas leur langage, c’est l’île de Cipango, dont on compte des