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à une demi-lieue environ de l’endroit où j’ai mouillé. À peine les habitans nous eurent-ils aperçus qu’ils prirent tous la fuite, abandonnèrent leur maison, et cachèrent dans la montagne leurs vêtemens (ropa) et tout ce qu’ils avaient. Je ne laissai rien prendre à personne, pas même la valeur d’une épingle. Quelques uns des habitans vinrent ensuite à nous ; il y en eut même un qui s’approcha tout-à-fait : je lui donnai quelques grelots et quelques petites perles de verre : il parut très satisfait et on ne peut plus joyeux de ce présent ; et afin d’augmenter la bonne intelligence, et pour les mettre un peu à contribution, je lui fis demander de l’eau ; alors, dès que je fus de retour à mon navire, ils vinrent sur la plage avec leurs calebasses remplies d’eau, et ils furent très contens de pouvoir nous en offrir. Je leur fis donner une autre petite branche de perles de verre, et ils dirent qu’ils reviendraient demain. Je voulais remplir d’eau toutes les tonnes des vaisseaux, pour partir d’ici si le temps me le permettait, et faire le tour de cette île jusqu’à ce que j’aie pu prendre langue avec ce Roi, et voir si je puis avoir de lui l’or qu’il porte, et partir après pour une autre très grande île qui doit, à ce que je crois, être Cipango, d’après les renseignemens que me