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comme en Andalousie au mois d’avril. Les troupes de perroquets, si nombreux qu’ils obscurcissent le soleil ; le chant des oiseaux d’espèces si variées, et par leur forme et par la couleur de leur plumage, et qui ressemblent si peu à celles que nous possédons en Europe ; la diversité des arbres et des fruits dont ils sont chargés, et les parfums dont l’air est embaumé, tous ces objets me remplissaient d’étonnement et d’admiration, et semblaient devoir retenir dans ce séjour l’homme qui les a vus une fois. J’étais on ne peut plus désespéré de ne pas les connaître, parce que je suis bien certain qu’ils ont tous beaucoup de valeur, aussi j’emporte des échantillons de tout, même des herbes. Me promenant autour de ces lacs, je vis un serpent[1] ; nous le tuâmes : j’en apporte la peau à Vos Altesses. Aussitôt qu’il nous aperçut, il se précipita dans le lac ; mais comme il n’est pas très profond, nous l’y poursuivîmes, et nous le perçâmes à coups de lance : sa longueur est de sept palmes, et je crois que dans ce même lac il y en a beaucoup d’autres. Je

  1. C’était sans doute une yüana (iguana). (Bartomolé de Las Casas.)

    Ce prétendu serpent, aussi nommé léguano ou sennebrie, est une espèce de gros lézard d’Amérique. (De V…l.)