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soit de jour, et qu’on ne voie bien clairement où on jette l’ancre, parce que tout le fond est inégal et présente ici du sable et là des écueils, je mis en panne toute la nuit du dimanche. Les caravelles mouillèrent, parce qu’elles arrivèrent de bonne heure à terre, et elles crurent qu’avec des signes qu’elles avaient coutume de faire, je viendrais mouiller aussi ; mais je ne le voulus pas.

Dimanche, 21 octobre.

« À dix heures j’arrivai ici au cap de l’îlot, et j’y mouillai ainsi que les caravelles. Après avoir mangé, je me rendis à terre, et je ne trouvai sur la côte d’autre peuplade qu’une maison dont la crainte avait, je crois, fait fuir les habitans à notre approche, parce que tous leurs ustensiles domestiques y étaient en place. Je ne permis à mes gens de toucher à rien, et j’allai visiter cette île avec mes deux capitaines et plusieurs de mes gens. Si les autres que j’ai a déjà vues sont très belles, très vertes et très fertiles, celle-ci l’est beaucoup plus encore. Elle est remplie de grandes forêts verdoyantes, et il y a ici de grands lacs, dans lesquels on trouve, ainsi qu’à leur circonférence, de superbes futaies ; elles y sont, ainsi que dans toute l’île, extrêmement vertes, et l’herbe est ici en ce moment