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côté de l’ouest. Il est beau, rond, très avancé (muy fondo), et n’est entouré d’aucun bas-fond. À son entrée il est de pierre et peu élevé, et à l’intérieur c’est une plage de sable comme presque toute ladite côte : j’y mouillai cette nuit vendredi, jusqu’au lendemain matin. Toute cette côte et la partie de l’île que je vis sont presque entièrement plates, et cette île est la plus belle chose que j’aie vue, parce que si les autres sont très belles, celle-ci l’est davantage ; elle est plantée d’un grand nombre de beaux arbres très verts et très hauts, et son terrain est plus élevé que celui des autres îles déjà mentionnées. Il y a quelques éminences qu’on ne peut nommer montagnes, mais qui l’embellissent par la diversité qu’elles font avec la plaine. Elle paraît avoir, au centre, beaucoup d’eau ; de ce côté, au nord, elle a un grand promontoire planté d’une infinité d’arbres fort élevés, qui forment une espèce de forêt très épaisse : je voulus y aller attérir pour descendre à terre et voir un si beau lieu ; mais il y avait peu de fond ; je ne pouvais que mouiller loin de terre, et le vent était excellent pour se rendre à ce cap, où je viens actuellement d’attérir, et auquel, je le répète, je donnai le nom de cabo Fermoso[1],

  1. La lettre F et la lettre H s’employaient autrefois