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virent des lettres (letras)[1]. Je leur fis de vifs reproches de ce qu’ils n’avaient pas acheté cette plaque d’or, par un troc, en donnant en retour à l’Indien tout ce qu’il aurait demandé, afin de voir ce que c’était, et quelle était cette monnaie[2]. Ils me répondirent qu’ils n’avaient jamais osé lui proposer cet échange. Après avoir pris l’eau dont nous avions besoin, je retournai à mon vaisseau. Je mis ensuite à la voile, et je filai au nord-ouest jusqu’à ce que j’eusse découvert toute cette partie de l’île, jusqu’à la côte qui s’étend de l’est à l’ouest. Peu de temps après tous les Indiens revinrent à dire que cette île était plus petite que celle de Samoet, et qu’il serait bien de retourner en arrière pour y arriver plus tôt. Ici le vent devint plus calme, ensuite il commença à souffler ouest-nord-ouest, vent qui était contraire pour retourner sur nos pas ; je pris donc la direction que je pus, et naviguai toute la nuit dernière à l’est-sud-est, et tantôt à l’est, tantôt au sud-est. Mon but était en cela de m’éloi-

  1. Sans doute des caractères tracés qui n’exprimaient peut-être aucune idée, et que les Espagnols prirent pour des lettres. (D. L. R.)
  2. Cette conjecture de Colomb pouvait n’être pas exacte, car rien n’indiquait positivement que ce fût une espèce de monnaie. (Idem.)