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menai au milieu de ces arbres, qui étaient bien la chose la plus belle qu’on eût jamais vue. La verdure était là aussi abondante et aussi fraîche qu’elle l’est au mois de mai en Andalousie, et tous les arbres y sont aussi différens des nôtres que le jour l’est de la nuit. Il en est de même des fruits, des herbes, des pierres et de toutes les autres choses. Il y avait, à la vérité, quelques arbres de la même espèce que plusieurs de ceux qui croissent en Castille, mais il y avait néanmoins entre eux une grande différence. Quant aux autres arbres d’espèces variées, ils étaient en si grand nombre qu’il serait impossible à qui que ce soit de les compter, et qu’on ne peut les assimiler à aucune des espèces de Castille. Pour les habitans, ils ressemblaient entièrement à ceux des îles dont j’ai déjà parlé : comme eux ils étaient nus et de la même stature ; comme eux ils donnaient tout ce qu’ils avaient pour la moindre bagatelle qu’on leur offrait. Je vis quelques mousses (mozos de los navios) leur donner, en échange de zagaies, des morceaux d’écuelles et de verres cassés. Ceux qui avaient été chercher de l’eau me dirent qu’ils étaient entrés dans leurs maisons, et qu’elles étaient, intérieurement, bien balayées et très propres. Leurs lits et les meubles sur lesquels ils se