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vaisseau du coton et d’autres petites choses, pour le paiement desquelles ils savent beaucoup mieux marchander que les autres. Je vis même dans cette île des morceaux de toile de coton faits comme des mantilles, et les habitans plus alertes et mieux ajustés. Les femmes y portent sur le devant du corps une petite pièce d’étoffe de coton qui couvre à peine leur nature. Cette île est très verte, de surface plane et très fertile, et je ne doute pas que ses habitans n’y sèment toute l’année du panis (panizo), et n’y en recueillent abondamment, ainsi que plusieurs autres choses. Je vis beaucoup d’arbres très différens des nôtres, parmi lesquels beaucoup avaient les branches de diverses manières, et toutes venant d’un même tronc. Dans ces arbres, une branche est faite d’une manière, une autre branche d’une autre ; et elles sont si bizarres, que la diversité de leurs formes est la plus grande merveille du monde. Par exemple, une branche avait les feuilles à manière de roseaux, et une autre à manière de lentisques, et cela dans un seul et même arbre de cinq ou six formes diverses, lesquelles sont encore différentes dans chaque arbre ; et ces arbres ne sont point entés, dans lequel cas on pourrait attribuer à la greffe une si étonnante diversité. Bien loin qu’il en soit