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de l’ouest ; je naviguai tout ce jour avec calme, et ne pus arriver assez tôt pour voir le fond et attérir en lieu convenable, parce qu’il faut user de beaucoup de précautions pour ne pas perdre les ancres : aussi je me tins en panne toute cette nuit, jusqu’au jour que j’arrivai à une peuplade où j’atteris et où je trouvai cet Indien que j’avais rencontré hier en mer, entre les deux îles que je viens de nommer. Il avait déjà donné sur nous des renseignemens si favorables, qu’il vint toute cette nuit à bord de mon vaisseau des pirogues remplies d’Indiens, qui nous apportaient de l’eau et de ce qu’ils avaient. Je leur fis donner à chacun quelque chose, comme, par exemple, quelques perles de verre, soit séparées, soit enfilées par douzaines, quelques petits tambours de basque en cuivre, de ceux qui coûtent, en Espagne, chacun un maravédis, et quelques aiguillettes, toutes choses qu’ils avaient en grande estime et regardaient comme très précieuses. Je leur fis aussi donner de la mélasse, pour qu’ils la mangeassent dans nos vaisseaux quand ils y venaient. À trois heures, j’envoyai à terre la barque de mon navire pour y faire de l’eau, et les habitans s’empressaient d’indiquer à mes gens où il y en avait, et ils voulaient eux-mêmes apporter les barils à la barque, après