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eaux soient toujours très claires et qu’on voie le fond. À deux portées d’escopette de toutes ces îles, la mer a tant de profondeur, qu’on n’en peut pas trouver le fond. Ces îles sont très vertes et très fertiles, la température y est fort agréable, et on y peut trouver beaucoup de choses que j’ignore, parce que je ne veux pas m’arrêter, afin de visiter et de parcourir beaucoup d’îles pour trouver de l’or. Et puisque celui que ces insulaires portent aux bras et aux jambes (c’est bien vraiment de l’or qu’ils portent, parce que je leur ai montré celui que j’ai) est un signe que ces îles le produisent, je ne puis manquer, avec l’aide de Dieu notre Seigneur, de le trouver aux lieux qui le recèlent. Étant en mer en ce moment entre ces deux îles, à savoir entre celle de Santa-Maria et la grande où je vais, à laquelle je donne le nom de Fernandina[1], je trouvai, dans une pirogue, un homme seul, qui passait de l’île Santa-Maria à la Fernandina, et qui apportait un peu de son pain, à peu près gros comme le poing, une gourde remplie d’eau, un morceau de terre rouge, réduite en poudre, et qu’on avait ensuite pétrie, et quelques feuilles sèches, qui doivent

  1. Elle est aujourd’hui connue sous le nom de la petite Inague. (M. F. de Nav.)