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une autre petite pirogue montée par un seul homme qui y venait d’une autre pointe de l’île pour échanger un peloton de coton ; et quelques marins se jetèrent à la mer, parce qu’il ne voulait pas entrer dans la caravelle, et ils le prirent. Comme j’étais à la poupe de mon bâtiment, je vis tout, j’envoyai chercher cet Indien, et je lui donnai un bonnet rouge, quelques perles vertes de verre que je lui mis au bras, et deux grelots que je lui attachai aux oreilles, puis je lui fis rendre sa pirogue, qui était déjà dans la barque, et je le renvoyai à terre. Je mis ensuite à la voile pour l’autre grande île que je voyais à l’ouest, et je fis aussi détacher et lâcher l’autre pirogue qui suivait en poupe la caravelle Niña. Je fus curieux de considérer le rivage au moment de l’arrivée de l’Indien à qui j’avais fait présent des objets susdits, sans avoir voulu prendre son peloton de coton, quoiqu’il eût voulu me le donner. Tous les autres l’entouraient, et il leur disait que nous étions de bonnes gens, et qu’il en avait des preuves, et qu’il était émerveillé de nous ; que celui qui s’était enfui nous avait fait quelque tort, et que c’était pour cela sans doute que nous l’emmenions. C’était pour qu’il en fût ainsi que j’agis avec lui de la manière susdite, que je le fis relâcher et lui fis les ca-