Page:De Navarrete - Relations des quatre voyages entrepris par Christophe Colomb, Tome 2.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maisons, et forme presque une île, quoiqu’il n’en soit pas vraiment une séparée, mais qui pourrait le devenir en deux jours de travail. Je ne crois pas néanmoins que cette opération soit nécessaire, parce que ces gens sont bien simples en fait de guerre, ainsi que Vos Altesses pourront en juger par sept d’entre eux que je fis prendre pour les emmener, leur apprendre notre langue, et les ramener ensuite dans leur patrie. Et quand bien même Vos Altesses ordonneraient de les prendre tous et de les conduire en Castille, ou de les tenir captifs dans leur île même, rien ne serait plus facile, car avec une cinquantaine d’hommes on peut les maintenir dans une soumission complète, et faire d’eux tout ce qu’on voudra. Je vis ensuite, près de cette presqu’île, des jardins potagers plantés d’arbres dont les feuilles étaient aussi vertes qu’elles sont en Castille aux mois d’avril et de mai ; et ces jardins, les plus beaux que j’aie vus de ma vie, ont des sources d’eau douce en abondance. Après avoir examiné ce port dans tous ses détails, je retournai à mon navire et mis à la voile. Je vis bientôt une si grande quantité d’îles, que j’étais fort embarrassé du choix de la première où j’irais, avec d’autant plus de raison, que ces hommes que j’avais pris avec moi me disaient par signes qu’il