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quand ils voyaient que je ne me disposais pas à aller à terre, se jetaient à la mer à la nage et venaient nous trouver. Nous comprenions qu’ils nous demandaient si nous étions venus du ciel ; il y en eut un vieux qui vint jusque dans mon bateau, et d’autres appelaient à grands cris tous les habitans, hommes et femmes : Venez voir, leur disaient-ils, les hommes qui sont descendus du ciel ; apportez-leur à a manger et à boire. Il vint un grand nombre d’hommes et de femmes apportant tous quelque chose ; ils remerciaient Dieu, se jetaient par terre, levaient les mains au ciel, et nous invitaient ensuite à venir à terre en faisant de bruyantes exclamations. Mais je craignais d’aborder, parce que j’avais sous les yeux un immense rocher de pierre qui borde cette île tout autour. Il forme néanmoins une cavité et un port capable de contenir tous les vaisseaux de la chrétienté ; mais l’entrée en est fort étroite. Il est certain qu’il y a plusieurs bas-fonds dans cette enceinte ; mais la mer ne s’y meut pas plus que l’eau au fond d’un puits.

« Je me mis en mouvement ce matin pour examiner tout cela, afin de pouvoir en rendre compte à Vos Altesses, et pour voir aussi en quel lieu je pourrais construire une forteresse, et j’aperçus un morceau de terre qui contient six