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naviguant au sud, je trouverais un pays dont le Roi avait de grands vases d’or et une grande quantité de ce métal. Je m’efforçai d’abord de les décider à aller dans ce pays, mais je compris bientôt qu’ils ne le voulaient pas. Je me déterminai à attendre jusqu’au lendemain dans l’après-dîner, et à partir ensuite pour le sud-ouest, où, selon les renseignemens que me donnèrent beaucoup d’entre eux, il existait une terre, ainsi qu’au sud et au nord ouest ; et que les habitans de la contrée située dans cette dernière direction venaient souvent les combattre, et s’en allaient aussi au sud-ouest pour y chercher de l’or et des pierres précieuses. Cette île est fort grande et très unie, plantée d’arbres très verts ; on y trouve beaucoup d’eau, un très grand lac au milieu, et pas une montagne ; elle est toute si verte, que c’est plaisir de la regarder, et ses habitans sont assez doux. Avides des objets que nous avons, et persuadés qu’on ne leur en donnera pas s’ils n’ont rien à donner, ils dérobent s’ils peuvent et se jettent aussitôt à la nage. Mais tout ce qu’ils ont ils le donnent pour quelque bagatelle qu’on leur offre ; ils acquéraient par des échanges jusqu’aux morceaux d’écuelles et de verre cassé, au point que j’ai vu donner seize pelotes de coton pour trois céotis de Por-