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ques uns d’entre eux se peignent d’une couleur noirâtre ; leur couleur naturelle est la même que celle des Canariens ; ils ne sont ni noirs ni blancs ; mais il en est parmi eux qui se peignent en blanc, d’autres en rouge, d’autres avec la couleur qu’ils trouvent. Quelques uns se peignent la figure, quelques autres tout le corps ; ceux-ci seulement les yeux, ceux-là seulement le nez. Ils ne portent pas d’armes, et ne les connaissent pas, car je leur montrai des sabres, et ils les prenaient par le tranchant, et se coupaient par ignorance. Ils n’ont pas de fer : leurs zagaies sont des bâtons sans fer, dont quelques uns sont terminés par une dent de poisson, et d’autres par un autre corps dur quelconque. Ils sont tous en général de belle taille ; ils sont bien faits, et leurs mouvemens sont gracieux. J’en vis quelques uns qui avaient sur leurs corps des marques de blessures, et je leur demandai par signes ce que c’était, et ils me firent comprendre qu’il venait dans leur île des troupes d’habitans des îles voisines qui voulaient les prendre, et qu’ils se défendaient. Je crus, et je crois encore qu’on vient ici de la terre ferme pour les prendre et les réduire en esclavage. Ils doivent être bons serviteurs et de bon caractère. Je m’aperçois qu’ils répètent promptement tout ce qu’on leur dit,