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sion que par la violence, je donnai à quelques uns d’entre eux des bonnets de couleur et des perles de verre qu’ils mettaient à leur cou, et beaucoup d’autres choses de peu de valeur, qui leur firent grand plaisir, et nous concilièrent tellement leur amitié que c’était merveille. Ils venaient ensuite à la nage aux embarcations des navires dans lesquelles nous étions et nous apportaient des perroquets, du fil de coton en pelotes, des zagaies et beaucoup d’autres choses, et les échangeaient avec nous pour d’autres objets que nous leur donnions, comme de petites perles de verre et des grelots. Enfin ils prenaient tout ce qu’on leur offrait, et donnaient très volontiers de tout ce qu’ils avaient ; mais il me parut que c’étaient des gens bien pauvres sous tous les rapports. Hommes et femmes vont tout nus, comme lorsqu’ils sortent du sein de leur mère, néanmoins une seule de ces dernières était assez jeune, et parmi les hommes que je vis, il n’y en avait pas un seul qui eût plus de trente ans. Ils étaient très bien faits, avaient de beaux corps et de jolies figures (muy buenas caras) ; leurs cheveux étaient presque aussi gros que les crins de la queue des chevaux, courts, et tombant jusque sur les sourcils : ils en laissent par-derrière une longue mèche qu’ils ne coupent jamais. Quel-