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être une lumière, qu’il regardât à son tour. C’est ce que celui-ci fit, et il vit une lumière. L’amiral en dit autant à Rodrigo Sanchez de Ségovie, que le Roi et la Reine avaient envoyé sur la flotte en qualité de contrôleur. Ce dernier ne vit pas ladite lumière, parce qu’il n’était pas dans une position d’où il pût rien voir. Après l’avertissement de l’amiral on la vit une fois ou deux ; c’était comme une bougie dont la lumière montait et baissait, ce qui eût été pour peu de personnes un indice de proximité de terre, mais l’amiral regarda comme certain qu’il en était près. Aussi quand on dit le Salve que les marins, qui se réunissent tous à cet effet, ont coutume de réciter et de chanter à leur manière, l’amiral les avertit et les pria de faire bonne garde au gaillard de poupe, et de bien regarder du côté de la terre, et leur promit de donner un pourpoint de soie (jubon de seda) à celui qui dirait le premier qu’il la voit, et cela, sans préjudice des autres récompenses promises par le Roi et la Reine à celui qui la verrait le premier ; ces récompenses consistaient spécialement en dix mille maravédis de rente[1].

  1. Le maravédis de cette époque valant environ trois réaux actuels ou quatre-vingts centimes de France, c’était une rente de huit mille francs, somme considérable pour le temps. (De V...l.)