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sur terre et une petite planche. Les gens de la Niña virent aussi d’autres signes de terre, et un petit bâton chargé de sapinettes[1]. Ces signes les firent tous respirer et se réjouir. On fit cette journée vingt-sept lieues jusqu’au coucher du soleil.

Après la chute du jour, l’amiral ordonna qu’on reprit la première route directement à l’ouest. On fit douze milles par heure, et jusqu’à deux heures après minuit on fila quatre vingt-dix milles, qui font vingt-deux lieues et demie. Et comme le navire la Pinta était meilleur voilier et allait devant l’amiral, il aperçut la terre, et fit les signes que celui-ci avait ordonnés. Un marin nommé Rodrigo de Triana fut le premier qui vit cette terre, car l’amiral étant à dix heures du soir dans le gaillard de poupe, vit bien un feu (lumbre), mais au travers d’une masse si obscure qu’il ne voulut pas affirmer que ce fût la terre. Il appela néanmoins Pero Gutierrez, tapissier (repostero destrados) du Roi, et lui dit que ce qu’il voyait lui paraissait

  1. L’original porte : un palillo cargado descaramojos ; M. de Navarrete pense que c’est pour de escaramujos. Escaramujo signifie proprement églantier, ronce ou épine à petites feuilles, portant des roses sauvages, ce qui s’accorderait avec Herrera, qui dit : un ramo de espino con su fruto, décade I, liv. I. (D. L. R.)