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sonne qui ne voulût jouir de la récompense que le Roi et la Reine avaient promise à celui qui la verrait le premier. Au lever du soleil le navire la Niña, qui était devant parce qu’il était bon voilier, arbora un pavillon au bout du mât de hune, et fit une décharge en signe de ce qu’il voyait terre, parce que l’amiral en avait donné l’ordre. Il avait aussi ordonné qu’au lever et au coucher du soleil les trois bâtimens fussent réunis, parce que l’absence ou la diminution des nuages et des vapeurs, dans ces deux momens, les rend plus propres à voir de loin. Le soir s’approchait ; l’équipage de la Niña ne voyait point encore la terre qu’il pensait avoir découverte ; une grande multitude d’oiseaux volaient du nord au sud-ouest, ce qui pouvait faire croire qu’ils allaient passer la nuit à terre, ou fuyaient peut-être l’hiver, qui devait n’être pas éloigné dans les pays qu’ils quittaient. L’amiral savait que les Portugais durent à l’observation du vol des oiseaux, la découverte de la plupart des îles qui sont en leur possession : ces raisons le déterminèrent à abandonner la route directe de l’ouest, et à tourner la proue vers l’ouest-sud-ouest dans le dessein de suivre deux jours ce nouveau rumb. Ce changement commença à s’exécuter un peu plus d’une heure avant le coucher du soleil. On ne fit guère plus de cinq