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point du jour, on vit beaucoup plus d’herbes, et elles paraissaient provenir de quelque rivière. On trouva dans ces herbes une écrevisse en vie ; l’amiral la garda, en disant que c’était un indice certain, parce qu’il ne s’en trouve jamais à quatre-vingts lieues de terre. L’eau de la mer était moins salée depuis le départ des Canaries, et l’air était de plus en plus tempéré. Tout l’équipage était joyeux, et chacun des navires cherchait à gagner les autres de vitesse, afin d’apercevoir le premier la terre. On vit beaucoup de toninas[1], et les gens de la Niña en tuèrent une.


    et ne publia cette observation qu’en 1549. Il n’est pas moins étonnant que d’autres l’attribuent à un nommé Crignon, pilote de Dieppe, vers 1534. Notre savant Feijoó est tombé dans cette erreur, et l’a soutenue ; il l’avait, dit-il, prise dans l’Histoire de l’Académie royale des Sciences de M. de Fontenelle, publiée en 1712 (Théátre critique, tom. V, discours XI, et lettre V du tom. I). Le P. Fournier (Hydrographie, liv. XI, chap. 10) attribue l’antériorité de cette observation à Cabot et à Gonzalo Fernandez de Oviedo, sans doute parce que ce dernier en a parlé au liv. II, chap. 2, de son Histoire générale des Indes. C’est ainsi qu’on s’est efforcé de rabaisser le mérite de Colomb jusque dans les observations qui étaient la conséquence de sa situation, et qui furent le fruit de son savoir et de ses méditations. (M. F. de Nav.)

  1. Christophe Colomb étant italien, nous avons cherché le nom du poisson qu’il appelle tonina dans les diction-