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du couchant. On croyait être près de terre[1], les pilotes prirent la direction du nord, qu’ils marquèrent, et ils trouvèrent que les aiguilles nord-ouestaient un grand quart. Les marins étaient craintifs et chagrins, et ne disaient pas pourquoi : l’amiral s’en étant aperçu, leur ordonna de marquer de nouveau le nord dès l’aube du jour, et ils trouvèrent que les aiguilles étaient bonnes. La cause de ce phénomène provenait de ce que l’étoile qui paraît se meut, tandis que les aiguilles restent fixes[2]. Ce lundi, dès le

  1. Dans cette position, ils étaient encore à quarante lieues ouest des brisans. (M. F. de Nav.)
  2. L’ingénieux Colomb, qui fut le premier observateur de la variation de la boussole, tâchait de dissiper les craintes des gens de son équipage, en leur expliquant d’une manière spécieuse la cause de ce phénomène. Ainsi l’assure son historien Muñoz, et c’était la vérité, comme le prouvent les réflexions que fait l’amiral dans son troisième voyage, sur ces altérations de l’aimant ; la surprise et l’inquiétude elles-mêmes des pilotes et des marins, sont une preuve décisive que personne jusqu’alors n’avait remarqué cette variation de la boussole. Telle est l’opinion de Bartolomé de Las Casas, de Fernando Colomb et d’Antonio de Herrera, historiens exacts et dignes de foi ; il est donc bien singulier que l’opinion que Sébastien Cabot a observé le premier les déclinaisons de l’aimant, se soit tant répandue. Ce marin ne partit cependant pour aller faire des découvertes, qu’en 1497, avec la permission du roi d’Angleterre Henri VII,