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et tous les suivans, l’air fut extrêmement tempéré, qu’on éprouvait un vrai plaisir à jouir de la beauté des matinées, et qu’il n’y manquait que le chant des rossignols. Il ajoute que le temps était là, à cette époque, comme au mois d’avril en Andalousie. On commença à voir, en cet endroit, plusieurs poignées[1] d’herbe très verte, qui paraissait être détachée de la terre depuis peu de temps, ce qui fit croire à tous qu’on était près de quelque île[2]; mais l’amiral pensait que ce ne pouvait être près de la terre ferme, car il dit : Je calcule que la terre ferme est plus loin.

Lundi, 17 septembre.

On navigua en suivant toujours la direction de l’ouest, et on fit, entre le jour et la nuit, cinquante lieues et plus ; l’amiral n’en compta que quarante-sept. Le courant favorisait la navigation. On vit beaucoup d’herbe, et très souvent ; c’était de l’herbe des rochers, elle venait

  1. L’original porte muchas manadas ; mais M. de Navarrete pense qu’on doit lire muchas manchas. (D. L. R.)
  2. Ce soupçon n’était pas sans fondement, car ils s’approchaient des brisans qui sont marqués dans nos cartes comme vus en 1802. (M. F. de Nav.)