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fîmes jusqu’au coucher du soleil, poussés vers le sud par une forte brise, soixante milles qui font quinze lieues[1]; nous filâmes ensuite

    celui d’Huelva. On ignore quand elle perdit sa population, car, quoique dans la Somme de géographie (Suma de geografia) de Martin Fernandez de Enciso, imprimée en 1519, il soit fait mention de cette ville, il est certain que dans ce temps-là il n’en existait plus que l’église, qui avait été réunie à celles d’Huelva, ce qui indique bien qu’elle était déjà sans population. Il ne dut pas s’écouler beaucoup de temps jusqu’à la ruine totale de son église, car, pour en conserver la mémoire, on fonda dans Huelva, sous le titre de Notre-Dame de Saltes, un ermitage dans lequel on garde une croix, relique de la paroisse. Il existe encore des vestiges de cette église, dans l’île de Saltes, dont le district est à présent divisé en terres labourables, en pâturages et en montagnes garnies de menu gibier. Elle est la propriété des marquis d’Ayamonte, auxquels elle donne le titre de comtes de Saltes.

    (Opinion de don Josef Cevallos, placée en tête de l’ouvrage intitulé Huelva Ilustrada (notice historique et descriptive de la ville d’Huelva), par le licencié don Juan de Mora, imprimée à Séville en 1762, et aux chapitres 1, 5 et 13 dudit ouvrage.) (M. F. de Nav.)

  1. Colomb comptait par milles italiens, qui sont moins longs que les milles espagnols, puisque pour faire une lieue espagnole, il faut trois de ceux-ci et quatre de ceux-là.
    (Idem.)

    Du temps de Colomb, il fallait en mer vingt lieues espagnoles ou soixante milles pour un degré, mais il comptait quatre milles par lieue au lieu de trois, comme on le voit