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jour par jour, tout ce que je ferais et verrais, et tout ce qui m’arriverait, ainsi qu’on le verra plus avant. De plus, grand prince et grande princesse, outre que je me propose d’écrire chaque nuit ce qui sera arrivé le jour, et le jour la navigation de la nuit, j’ai l’intention de faire une nouvelle carte marine, dans laquelle j’indiquerai la situation de toute la mer et de toutes les terres de la mer Océane dans leurs propres positions, sous leur vent et dans les directions y relatives, et de composer un livre dans lequel je représenterai tout bien semblable en peinture, par latitude de la ligne équinoxiale et longitude de l’occident. Il importe surtout beaucoup que j’oublie le sommeil et que j’étudie avec persévérance ma navigation pour remplir toutes les obligations qui me sont imposées, ce qui sera un grand travail.

Vendredi, 3 août.

« Nous partîmes, le vendredi 3 août 1492, de la barre de Saltes[1], à huit heures, et nous

  1. Saltes, île formée par deux bras du fleuve Odiel, vis-à-vis la ville d’Huelva. Elle fut peuplée au moins depuis le xiie siècle, et elle continuait à l’être en 1267, que le roi Alphonse-le-Sage sépara le territoire de la ville de Saltes de