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force des armes, les bannières royales de Vos Altesses sur les tours de l’Alhambra, qui est la forteresse de ladite cité, et où je vis le roi maure se rendre aux portes de la ville et y baiser les mains royales de Vos Altesses, et du prince mon seigneur, aussitôt, dans ce présentmois, et d’après les informations que j’avais données à Vos Altesses des terres de l’Inde et d’un prince qui est appelé Grand-Khan (Gran Can), ce qui veut dire en notre langue vulgaire Roi des Rois, et de ce que plusieurs fois lui et ses prédécesseurs avaient envoyé à Rome y demander des docteurs en notre sainte foi, pour qu’ils la lui enseignassent[1]; comme le Saint-Père ne l’en avait jamais pourvu, et que tant de peuples se perdaient en croyant aux idolâtries et en recevant en eux des sectes de perdition, Vos Altesses pensèrent, en leur qualité de catho-

  1. Paul Toscanelli donnait aussi ces nouvelles du Grand-Khan au chanoine de Lisbonne Fernando Martinez, dans une lettre écrite à Florence le 25 juin 1474. Il les avait tirées de ce que rapporte Marco Polo dans le Discours préliminaire et en d’autres endroits de la relation de son voyage. Toscanelli envoya une copie de cette lettre à Colomb, en réponse à la demande qu’il lui avait faite de son avis sur le dessein qu’il avait de naviguer à l’Occident pour se rendre dans l’Inde. Voyez l’Histoire de l’Amiral, par don Fernando Colomb, chap. 7. (M. F. de Nav.)