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Mû par un sort fatal, le faible en son malheur
En cherchant un appui rencontre un oppresseur.
L’homme a bâti mon domicile,
Je lui dois ce modeste asile,
Se dit-elle, j’y trouve un abri, c’est assez,
Et j’ai le cœur trop bien placé
Pour payer ce bienfait par de l’ingratitude ;
Soyons plutôt amis, car, j’ai la certitude
Qu’il me veut quelque bien, et je crois qu’en ceci
Je ne m’abuse pas, la preuve, la voici,
Je vais la donner tout à l’heure.
Je ne veux point agir comme ces animaux
Qui guerroient contre lui, sans cesse, sans repos,
J’en reviens à ma preuve. Au pied de ma demeure
L’homme a fait croître un espalier,
Deux pêchers, trois poiriers, et un abricotier,
Arbres en plein rapport et de belle apparence.
Étalent de leurs fruits la précoce abondance,
De la belle saison tous les ans au retour
Mon maître s’en vient chaque jour…
Quoi ! mon maître, ai-je dit ? hélas ! pauvre pécore,
Je ne m’en dédis pas, je le redis encore,
Mon maître ! hélas ! pour prix de ma soumission
Obtiendrai-je de toi secours, protection ?
Je sais pourtant déjà que, loin de me maudire,
Certain jour, jour heureux ! je te vis me sourire,