Page:De N⋆⋆⋆⋆ - La Chouette, 1839.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 4 —

Promène tes loisirs et ne fais point de livre.
Le conseil est fort bon, que ne puis-je le suivre !
Ça, je commence, et dis, dût-on le prendre à mal,
De tout être animé hormis de l’animal,
La superstition et la force brutale,
D’où naissent l’ignorance et la grossièreté,
Maintiennent sous leur joug la triste humanité ;
La raison les combat, la lutte est inégale ;
On doit en convenir, en ce siècle vanté
Les méchans et les sots sont en majorité.
Une chouette était au trou d’une masure,
Tranquille, elle habitait en cet humble réduit,
Lons-temps elle suivit l’instinct de sa nature,
Se défiant de tout, ne sortant que la nuit.
Tout allait à souhait, quand notre infortunée
Concevant d’elle-même une orgueilleuse idée.
Se dit : Toujours à bien ma raison me conduit.
Or, sa raison lui fit oublier la prudence,
Et l’on verra bientôt ce qu’elle en recueillit.
C’est alors que songeant à la grande puissance
De l’homme, à son esprit à bon droit redouté,
Elle s’imagina, captant sa bienveillance
Sur le beau sentiment de la reconnaissance
Fonder tout l’avenir de sa sécurité,
Sans trop considérer s’il était praticable,
Ce projet lui parut utile et profitable ;