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Je tuerai celle-ci, mais à condition
Que vous allez me faire un joli réveillon :
Du boudin, du jambon, du vin, de la saucisse.
Faites vite surtout, et que Dieu vous bénisse.
Le garde ce disant, retira son fusil
Soigneusement couvert d’un fourreau de coutil,
Après l’avoir chargé descendit dans la rue,
Vers le faîte du toit il dirigea sa vue,
Tout d’abord il ne put rien distinguer, rien voir,
Le temps était brumeux et le ciel était noir ;
Mais à l’obscurité sa vue accoutumée,
Lui fit apercevoir enfin la cheminée.
Il fixa son regard sur ce point culminant,
La chouette ayant fait un cri en cet instant,
Ce cri, ce cri fatal de notre infortunée,
Décida de la vie et de la destinée ;
À l’instant en effet la détente partit,
Le coup répercuté dans les airs retentit,
Et la nuit succédant à ce feu peu durable,
L’obscurité devint bien plus impénétrable.
Lors le garde incertain du succès de son coup,
Croyait n’avoir rien fait qu’effrayer le hibou.
Quand soudain une plume effilée, légère,
Se balançant au vent lui frôla la visière ;
D’autres plumes tombant, il vit à ces lambeaux,
Qu’il n’avait pas tiré sa poudre à des moineaux.