Page:De N⋆⋆⋆⋆ - La Chouette, 1839.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 21 —

— Cà, que se passe-t-il ? cria-t-il en colère ;
Et que faites-vous donc ? eh, la fille ! eh, la mère !
Mes boudins sont-ils cuits ; où est mon saucisson ?
Morbleu ! nous faisons là un joli réveillon !
Sans souper vous plaît-il que ce soir je me couche ?
Sa fille lui posa la main devant la bouche :
— Mon père, écoute-moi, écoute jusqu’au bout :
La maudite sorcière est la cause de tout ;
C’est elle en envoyant sa vilaine chouette…
Oui, je n’ai pas voulu l’autre soir faire emplette
D’un sachet, dit la mère. — Ah ! c’est bon à savoir,
Vous allez visiter les sorcières le soir !
— Eh quel mal y a-t-il, elle m’a bien prédit ;
Ce qui m’est arrivé depuis toute ma vie
Était d’elle connu. — Ah çà ! mais à la fin,
Que voulez-vous de moi ? vous m’ennuyez, j’ai faim !
— Nous voulons qu’on lui tue aussitôt sa chouette ;
— Et que ne parliez-vous, la chose serait faite !
— Allez donc ! par après nous ne craindrons plus rien,
Car la chouette a tout son esprit dans le sien,
C’est connu. — C’est connu ? ce qui reste à connaître,
Et qui, j’en répondrais, ne pourra jamais l’être,
Ce sera de trouver deux folles comme vous.
Allons, finissons-en, convenons entre nous
Que vous ne parlerez de semblables sornettes,
Me laisserez tranquille avecque vos chouettes ;