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Point de prologue donc, c’est dit : notre criarde
Est sur le toit, entrons dans la maison du garde.
— Ah ça, dépêchons-nous, qu’on allume du feu ;
Ah qu’il fait froid ici ! je suis gelé, bon Dieu !
Ma femme, apportes-tu les boudins, les saucisses ?
Dis-moi ? je ne vois pas où sont mes quatre épices.
— Bon ! nous laisseras-tu souffler quelques momens,
À peine arrivons-nous, et ces pauvres enfans
Tout transis, qu’il nous faut vaquer à la besogne,
De la cave au grenier pendant que Monsieur grogne.
Le mari se tint coi ; pour ne plus dire un mot
Il s’en fut, vrai moyen d’être servi plus tôt.
Chacun s’agite, alors ; bientôt le feu s’allume,
Afin de l’activer on y met du bitume,
Sur les charbons ardens on étale soudain
La fine crépinette et l’aune de boudin.
Il paraît que le tout n’alla pas à sa guise,
Car la mère cria : Eh bien, quelle sottise !
Et quel désordre ici me mets-tu dans mon feu,
Tu vas me renverser le gril au beau milieu.
J’ai bien assez de mal, peut-être, avec la poële.
Oh ! ma mère, écoutez, dit l’enfant toute pâle,
Entendez-vous ces cris, ces lamentables cris ?
C’est sur la cheminée au-dessus du logis.
Voilà donc ce qui fait que le feu n’a pu prendre,
Que trois fois mon boudin a roulé dans la cendre,