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Je le sens, ô ma sœur, la vie m’abandonne,
Cesse de t’accuser, pour moi je te pardonne,
Profite de l’avis que te donne en mourant
Une sœur qui t’aimait, fuis le séjour de l’homme ;
Regarde, par pitié, regarde, voici comme
Ils m’ont déchirée, oui, par simple amusement,
Qui, pour se divertir, et de plus je m’attends
Encor demain matin, si bientôt je n’expire,
À voir recommencer mon horrible martyre.
Achève moi, ma sœur, prends ce soin douloureux.
Ce matin, vers midi, je dormais dans le creux
Du mur que tu connais ; d’une main ennemie
Tout-à-coup, sans rien voir, je me sentis saisie,
Le soleil tout en plein pénétrait dans mon trou,
Et cela m’est venu, ma foi, je ne sais d’où,
Où donc me portaient-ils ? je l’ignorais, n’importe ;
Ces cruels m’ont bientôt clouée à cette porte,
Par chaque aile étendue, ah ! plains mon triste sort !
Puis ils ont pris en main cet instrument de mort,
Cet arc, et le tendant à l’aide d’une corde…
Voilà qu’à ce moment je crus que la discorde
Allait se mettre entre eux, ils étaient à crier,
C’était à qui sur moi tirerait le premier :
Je n’entendis plus rien… subitement la planche
Sur laquelle j’étais, retentit d’un coup sec,
Et de bois vermoulu une poussière blanche