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Par hasard auriez-vous quelque peur des hiboux ?
C’en était un vraiment. La chouette atterrée
Par le pressentiment qui vint à sa pensée,
À peine peut voler vers ces funestes lieux,
Vers le gibet fatal placé devant ses yeux ;
Ô surprise, Ô terreur, qu’y voit-elle attachée
Sanglante pantelante, et la tête penchée,
C’est l’espoir de ses ans, c’est sa plus jeune sœur.
Toutes deux se quittant, l’autre soir, par malheur,
Sur un mince sujet avaient eu quelque noise,
Car la petite était un tant soit peu sournoise,
Voulant trancher sur tout et de tout décider ;
Sa sœur, de son côté, ne voulait lui céder,
Et ces fâcheux débats, ces disputes frivoles,
Souvent se terminaient pis que par des paroles,
Elles s’aimaient pourtant, quelquefois le bonheur
Apportant dans nos sens certaine lassitude,
De quereller on prend la mauvaise habitude,
C’est dans l’adversité qu’on retrouve son cœur.
Chaque sœur l’éprouva. Ma fille, mon amie,
Dit l’aînée, ah ! grands dieux ! va si jamais j’oublie
Tous mes torts envers toi, mon funeste abandon ;
Je devais te veiller jour et nuit ! quel pardon
Puis-je espérer du ciel ? Ah ! j’en serai punie
Par des maux éternels ! d’une voix affaiblie,
La petite lui dit : Je n’ai plus qu’un moment,