Le 24 mars, veille de l’Annonciation, j’étais allé le matin voir le lac Fusaro, la prétendue tombe d’Agrippine et toute cette partie des environs de Naples qui avoisine la cap Misène. Une barque me ramenait le soir à la ville et, selon mon habitude, je faisais causer ou chanter les rameurs. Au milieu des ruines historiques et des noms romains, ces bonnes gens n’ayant jamais ouvert un livre ne connaissent que les traditions naïves à la portée de leur intelligence et dans lesquelles ils font figurer Néron, Tibère ou Lucullus, comme d’anciens propriétaires du château voisin et patrons de leurs grands-pères. Chaque débris de monument a sa légende. On pourrait former, de tous ces récits, un cours d’histoire récréatif où l’on verrait quels souvenirs les grands de la terre laissent derrière eux parmi le peuple. Un vieux rameur me racontait une historiette touchant le pont commencé par Caligula et dont les piliers existaient encore. Au dire des marins de Baja, Claude, hésitant à poursuivre l’ouvrage de son prédécesseur, aurait consulté le hasard. A minuit, l’empereur, à table avec ses amis, écouta chanter les coqs de sa