verra point à San Carlo tant que cet article du règlement ne sera pas réformé. L’ordonnance célèbre qui, sous la restauration, fit allonger les robes des danseuses a prouvé que par ces belles mesures on améliore fort peu les mœurs. Dans ce temps-là, les directeurs des beaux arts n’en savaient pas long, puisqu’ils ignoraient que la décence est dans la personne et le jeu de l’artiste et non pas dans la coupe de ses jupons.
Depuis quelques années, les théâtres de Naples ont eu un surcroît d’embarras. Le mot Dieu, le mot enfer et plusieurs autres, considérés comme essentiellement chrétiens, sont bannis de leur vocabulaire. On ne peut plus les prononcer sur la scène ; le théâtre, étant païen, ne doit user que du dictionnaire antique. Que vont devenir les Ô dio ! ces pierres fondamentales du récitatif ? Que deviendront les phrases toutes faites ? On ne pourra donc plus avoir l’enfer dans le cœur ? Il faudra donc que les auteurs de libretti cherchent des paroles nouvelles, qu’ils aient des idées, se creusent d’autres ornières ou se servent de mots divers pour exprimer des sentiments différents ? C’est exposer l’art à une mort subite. Certes, il est nécessaire que la religion soit respectée ; mais avec cette susceptibilité extrême et cette manière matérielle d’envisager les choses, les spectacles sont perdus. Ce n’est pas que la religion soit sombre ni violente en Italie. Nulle part au monde elle ne paraît plus aimable. Elle ne prend jamais cette physionomie colérique ou affligée que le malheur lui a laissée en France. Les séminaires ne sont pas comme chez nous des gymnases où on se prépare à la bataille. On voit une multitude de jeunes abbés, chaussés