vont partout la tête découverte, parées seulement de leurs magnifiques cheveux. Lorsqu’elles passent au soleil, elles se couvrent avec leur châle jaune qu’elles rabaissent sur les épaules aussitôt qu’elles arrivent à l’ombre et, dans ce mouvement qui se répète souvent, elles ont beaucoup de grâce. Je ne parle point ici des belles dames qui suivent, de loin, les modes de Paris et qui se coiffent de l’ustensile informe appelé chapeau.
La véritable Palermitaine est svelte comme la Vénus de Syracuse ; mais elle a, comme elle, les jambes et les pieds un peu forts. Il est superflu de la citer pour la grandeur extraordinaire des yeux car il n’y a pas, dans toute la Sicile, une paire d’yeux petits. Ceux de Palerme ont une douceur particulière et un air de bienveillance qui, m’a-t-on dit, trompe rarement. Les traits sont, en général, réguliers, la démarche est nonchalante et, dans la physionomie, on distingue au plus haut degré tous les instincts de la femme par excellence. En Sicile, la légèreté de la tête et la coquetterie ne sont pas un badinage comme dans le Nord, à cause de la sensualité antique qui les soutient et derrière laquelle arrivent la chaleur du sang et les passions africaines ; ce qui constitue un ensemble intéressant, sorti du mélange des races grecque et sarrasine. La Palermitaine s’attache vite et fortement. C’est toujours une chose grave qu’une affaire de cœur avec elle. Des étrangers s’y sont trouvés pris comme Renaud dans les filets d’Armide et n’en seraient jamais sortis si l’infidélité de l’enchanteresse ne les eût délivrés. D’autres ont fini moins heureusement et portent, sur la figure ou entre les côtes, des traces de la jalousie sicilienne. Pour être