que le volcan dirige sur Catane comme un grand bras noir, suspendu au-dessus de cette éternelle victime de sa colère. C’était par cette coulisse que Hercule arrivait chez Alceste et que Thésée faisait son entrée, en revenant de ses voyages.
Une fois qu’on a regardé ce théâtre et ce point de vue unique au monde, on n’a plus d’yeux pour les maisons d’architecture normande. Quant aux églises et couvents, nous aurions eu fort à faire pour les examiner car Taormine, moins grande que Saint-Cloud, renferme trente-neuf édifices consacrés à la religion.
De Taormine à Catane, l’Odyssée pourrait servir de guide en Sicile. Vous passez devant la caverne de Polyphème, la grotte de Galatée, le puits de Vénus, les écueils des Cyclopes et, enfin, la plage d’Ulysse où ce Grec malencontreux vint aborder pour son malheur.
De quelque part qu’on fasse son entrée dans Catane, on traverse des déserts de lave. Le fléau est souvent passé près de sa victime sans l’atteindre. Il s’y reprend à plusieurs fois avant de la frapper et, depuis qu’elle existe, il n’y a encore réussi que quatre ou cinq fois. Ces déserts ont un aspect sinistre. La lave est venue souvent livrer bataille à la mer. Comme la Méditerranée ne pouvait pas avoir le dessous, il fallait bien que le fleuve de métal bouillant finît par s’éteindre ; mais son agonie a été terrible. La lave, saisie par l’eu a fait des bonds et des écarts prodigieux ; elle a parsemé la mer de cônes, de champignons volcaniques et de petites îles où la végétation revient peu à peu. Ce passage dangereux empêche les bateaux à vapeur d’aborder à Catane tant que la