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De son trou s’envola l’audacieux chat-huant
Pour venir se poser près de sa Dulcinée
Qu’il trouva l’attendant, prête pour l’hyménée.
« Adorable ! dit-il, tombant à ses genoux,
Vous m’aimez, je vous aime, eh bien ! marions-nous ! »
Cet hymen fit le bruit que produit un orage
Dont l’éclat foudroyant a détruit un village.
L’alouette légère, au-dessus des sillons,
S’en fut le raconter à tous les oisillons ;
Le chantre du printemps, ainsi que la fauvette,
Composèrent sur lui plus d’une chansonnette ;
Le corbeau le trouva détestable, odieux,
Capable d’attirer la colère des cieux :
Le merle, en s’échappant des touffes de feuillage,
Alla le persiflant de bocage en bocage ;
La chouette, irritée et réduite aux abois ;
Le décriait partout sur le sommet des toits ;
Le moineau doucereux, feignant le bon apôtre,
Les pinçait jusqu’au sang, tour à tour l’un et l’autre ;
Le milan, le faucon, et l’aigle et le pivert
Formaient à leur sujet un infernal concert ;
De branche en branche, allait sur eux jasant la pie,
Comme eût fait un démon, une horrible harpie ;
Tous les oiseaux criaient, même jusqu’au coucou
Qui voulait qu’on les prît pour leur tordre le cou.
Seule, auprès de son nid, la douce tourterelle
Ne crut pas à propos d’épouser leur querelle,
Sachant qu’on n’obtient rien de deux cœurs amoureux,
Et que l’on perd son temps voulant s’occuper d’eux,
Parce que leur esprit bien loin fuit et s’envole
Pour ne pas écouter une sage parole.
N’osant pas se flatter de soulager des maux
Que n’avaient pu guérir de célèbres oiseaux,