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la grotte

vieux amis ; Paul et Philippe avaient retrouvé leur naturel et étaient redevenus, le premier, railleur sceptique, le second délicatement spirituel.

— « Puisqu’il faudra nous mettre en route au point du jour, dit enfin Fleur des Ondes, il serait sage de vous reposer. Vous devez en avoir grand besoin, après une si horrible journée ! »

Elle désigna aux jeunes gens les lits de sapin, éteignit les torches, puis, à l’autre extrémité de la chambre, déroula un souple hamac et s’y étendit enveloppée dans une peau d’ours.

Bientôt, on n’entendit plus que la respiration des deux hommes. Quant à la jeune fille, elle était trop préoccupée pour dormir. Courant en esprit au devant des événements, elle tachait de se représenter ce que serait sa vie maintenant. Philippe avait parlé de sa mère : c’était une grande dame : comment accueillerait-elle cette nièce si inopinément retrouvée ?… Mais, sans doute, elle était bonne comme son fils, ce brave garçon qui semblait avoir à la fois tant d’énergie et de douceur. Vainement essayait-elle de chasser ces obsédantes pensées ; le sommeil ne venait pas. À tenir ses yeux obstinément fermés, les paupières lui brûlaient. Elle aurait bien voulu se lever, sortir dans la nuit froide ; mais craignant que le moindre mouvement n’éveillât ses protégés, la vaillante fille se contraignait à l’immobilité dans sa couche mobile.

Le jour lui semblait bien long à revenir ; elle