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la grotte

mais à cette magie inquiétante, succéda pour les Français le tableau reposant du confort modeste.

Tout ce que l’ingéniosité et le bon goût avaient pu tirer de la forêt se réunissait dans cette demeure rustique, pour la rendre coquette. Au milieu de la chambre, une grande pierre plate, posée sur quatre gros cailloux, tenait lieu de table ; dans une coquille remplie d’huile, lampion primitif et fumeux, brûlait une poignée de mousse. Le sol disparaissait entièrement sous des fourrures. L’ameublement comprenait encore trois escabeaux, faits de troncs d’arbres dépouillés de leur écorce et taillés de telle sorte que trois branches fourchues tenaient lieu de pieds. De chaque côté du corridor, c’est-à-dire dans la partie la plus abritée, étaient deux lits de sapins recouverts de peaux d’ours. Une large claie servait de porte. Les murailles en roc massif, dissimulaient leur sévérité sous une avalanche de fleurs séchées, de feuilles d’érable et de grands papillons. De place en place, de larges panneaux en écorce de bouleaux, décorés artistement, donnaient à ce logis un étrange aspect de sauvagerie et de civilisation.

Les Français allaient de l’étonnement à l’admiration, et de l’admiration au ravissement. Ils s’étaient assis, à l’invitation de leur guide qui avait pris un siège ; pendant un instant, tous trois restèrent silencieux. Enfin, Philippe commença, un peu intimidé : « Madame, par quel