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l’enlèvement

dans le voisinage d’un campement. Redoublant de précautions afin d’éviter toute surprise, et montée de nouveau dans un arbre pour s’approcher à portée de la voix, elle se glissa des rameaux d’un pin gigantesque à ceux d’un autre.

Il y avait là une troupe nombreuse d’Iroquois et des chefs parmi eux : une expédition guerrière évidemment. Ceux qui avaient enlevé Philippe et Paul n’étaient que des éclaireurs, poussés par leur audace jusqu’aux abords de la bourgade des Algonquins. Les Iroquois méditaient une revanche. La défaite de seize cent dix était une blessure douloureuse à leur orgueil : ils voulaient attaquer leurs ennemis à l’improviste, afin qu’ils n’eussent pas le temps d’appeler les Français à leur aide.

La Source devina tout cela, et son cœur saigna, mais ce fut moins pour sa nation qu’elle savait vaillante, en état de se défendre, que pour ses amis sur qui retomberait la vengeance des redoutables vaincus.

Elle vit les chefs se réunir en conseil ; elle les entendit délibérer longuement ; elle comprit qu’ils s’étaient arrêtés au parti de martyriser l’un des prisonniers en lui laissant toutefois la vie sauve, puis de le renvoyer ainsi massacré au gouverneur, lui mandant : « Voilà comme vos alliés veillent sur ceux que vous leur avez confiés ! Si vous ne nous livrez les Algonquins que vous gardez, nous mettrons à mort celui des vôtres