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l’enlèvement

camper, en attendant le jour. Plusieurs camarades revenus de la chasse munis de provisions, les avaient rejoints ; installés autour du feu, ils se préparaient tous à festoyer.

La Source, qui connaissait les mœurs de la forêt, comprit que les Français ne couraient aucun danger immédiat : leurs ennemis les emmèneraient dans leur pays, afin que les chefs décidassent de leur sort et que toute la nation assistât au supplice.

Mais l’avenir l’épouvantait. Elle grimpa dans un arbre, d’où elle pouvait surveiller sans être aperçue, et se résigna à l’inaction.

La brise était froide. Parfois, la jeune fille sentait ses membres engourdis par l’immobilité, un frisson douloureux picotait sa chair ; et ses dents claquaient, mais elle ne faisait pas attention à ce malaise : son anxiété la rendant presqu’insensible à la douleur physique. Une seule pensée la préoccupait : sauver les captifs.

Les sauvages n’avaient pas l’habitude de veiller : elle comptait sur leur sommeil pour se glisser auprès des blancs, couper leurs liens et fuir avec eux. Mais ce fragile espoir fut déçu : ils ne s’endormirent pas et reprirent leur voyage aussitôt que l’aurore eût éclairé l’horizon.

Pour cette étape, ils délient les prisonniers, et les forcent à marcher sous l’incessante menace des tomohacks meurtriers. Philippe et Paul