Page:De Montreuil - Fleur des ondes, 1912.djvu/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.
73
l’enlèvement

père entretenait ses amis. Les sauvages ivres la repoussent, nulle femme n’étant admise dans les salles de festin.

Elle insiste ; ils la rudoient.

Éperdue, la pauvrette regarde autour d’elle, suppliant ceux qui lui paraissent en état de secourir les Français. Tous refusent de la suivre. Quelques jeunes gens, jaloux de l’intérêt qu’elle porte aux blancs, la raillent et l’injurient.

« Ah ! leur jette-t-elle à la face, le seul homme de cette tribu, assez généreux pour m’écouter, n’est pas ici ! Le Carcois n’y est jamais, aux heures d’orgie, parce que, au contraire de vous tous, il n’aime pas l’eau de feu : vos débauches l’attristent. »

« Voyez donc ! reprend un rival dépité, le visage pâle n’a pas toute l’admiration de La Source ; il en reste encore pour Le Carcois dans les occasions pressantes. »

Les autres rient méchamment.

Sourde à l’insulte, sans plus attendre, elle s’élance seule sur les pas des ravisseurs. Qu’espère-t-elle ? La pauvre fille ne saurait le dire mais instinctivement elle va où la pousse son cœur.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ayant marché jusqu’à la nuit, se dissimulant et frémissant au moindre bruit, elle aperçut enfin les Iroquois qui se disposaient tranquillement à